Une chape de la cathédrale de Namur reconnue comme bien exceptionnel par la Fédération Wallonie-Bruxelles

© KIK/IRPA Brussels, Belgium.

Un ensemble rare de textiles liturgiques issus de l’atelier Dormal-Ponce a fait l’objet d’une double reconnaissance patrimoniale par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces textiles, réalisés dans le cadre de l’atelier Dormal-Ponce, illustrent la richesse de la paramentique – à savoir l’ensemble des vêtements, coiffes, parements et ornements utilisés dans les cérémonies religieuses -, un patrimoine matériel souvent méconnu, mais essentiel à la compréhension des pratiques religieuses, des techniques artisanales et de l’art textile en Belgique. Parmi ces vêtements liturgiques, figure une chape conservée à la cathédrale Saint-Aubain.

© KIK/IRPA Brussels, Belgium.

Fournisseur de nombreuses cathédrales et abbayes, l’atelier textile Dormal-Ponce se distingue par la richesse de ses matériaux, la virtuosité de ses techniques et la finesse de ses compositions. Une recherche scientifique (associant l’UCL, la KUL et l’IRPA) lancée à la suite de la redécouverte d’un ornement sur le marché de l’art parisien, a permis de reconstituer un corpus de 18 ornements attribués à cet atelier. Ce travail a donné lieu à une exposition majeure  » Habiller le Culte. Les fastes du textile liturgique de la cathédrale de Tournai  » qui s’est tenue en 2021 au TAMAT (Musée de la tapisserie et des arts textiles à Tournai) et a donné lieu à la publication d’un catalogue de référence. Fait rare dans le domaine du textile liturgique, souvent anonyme, l’atelier Dormal-Ponce se distingue par une traçabilité historique documentée, renforçant la valeur patrimoniale de ses productions.

Quatre biens sont classés comme trésors et sept autres inscrits comme biens d’intérêt patrimonial, parmi lesquels figure la chape de Namur (ornée des armoiries de Bernard Burlet – abbé de 1734 à 1737), conservée à la cathédrale Saint-Aubain. Issue de l’abbaye des Prémontrés de Floreffe, cette chape se distingue par son fond richement brodé et ses armoiries finement exécutées, reflet des collaborations entre ateliers et de la forte valeur symbolique de tels ornements.

La chape de Namur se distingue par la richesse technique et l’élégant décor faits de fils d’or et d’argent, filés et torsadés – appelés cannetilles – sur fond de soie blanche exemplatif du travail de la maison Dormal-Ponce, un atelier athois spécialisé dans la production de vêtements liturgiques brodés dans la seconde moitié du 18ème siècle présentant cependant des remaniements importants au 19e siècle. La présence des armoiries du commanditaire constitue un indice supplémentaire de sa valeur et de sa rareté. Ces éléments en font une œuvre de grande qualité en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Une démarche collective

Cette reconnaissance, ainsi que la sélection des biens concernés, est le fruit d’un travail collaboratif entre chercheurs (H. Malice, M. Gilbert, M.-A. Jacques, A. Dupont), experts de la Commission des Patrimoines culturels, membres du CIPAR (Centre interdiocésain du Patrimoine et des arts) ), conservateurs de trésors d’églises et représentants de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Elle témoigne de l’engagement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à préserver, valoriser et transmettre un patrimoine liturgique d’exception. Le classement comme trésor ou l’inscription comme bien d’intérêt patrimonial confèrent en effet à ces œuvres une protection juridique renforcée. Cette protection est d’autant plus essentielle que les œuvres textiles, particulièrement sensibles à la lumière et à l’humidité, nécessitent des conditions de conservation strictes. Leur fragilité explique qu’elles soient rarement exposées au public, ce qui rend leur valorisation patrimoniale d’autant plus précieuse.

Pour en savoir plus :

https://patrimoineculturel.cfwb.be/patrimoines-en-fwb/inventaire-du-patrimoine-mobilier-protege/pcmdetail/fwbpci-fiche/264/

https://balat.kikirpa.be/photo.php?objnr=10027443

Laura Dekoster (service Médiation du Musée)

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