Un coffret médiéval sous la loupe : révélations autour de l’écrin de la couronne-reliquaire des saintes Épines

Que peut bien raconter une petite boîte en bois vieille de plus de huit siècles ? À première vue, le coffret-écrin de la couronne-reliquaire des saintes Épines, conservé au Trésor de la cathédrale n’est qu’un objet discret. Et pourtant : derrière sa silhouette octogonale se cachait l’une des œuvres les plus précieuses du XIIIᵉ siècle conservées en Wallonie – un véritable témoin matériel de la ferveur médiévale.

Aujourd’hui reconnu comme Trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le coffret a récemment fait l’objet d’une vaste étude interdisciplinaire menée par l’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA). Ses résultats, parfois inattendus, permettent de mieux comprendre comment cet objet a été fabriqué, comment il a traversé les siècles… mais aussi de mettre en évidence une certaine part d’ombre qu’il restera à éclaircir par d’autres recherches…

Un objet complexe, entre cuir, métal, bois et émail

Les analyses ont révélé que le coffret a connu une histoire matérielle plus riche quil n’y parait au premier abord. Le bois, les émaux, les cuirs, jusqu’au textile intérieur : chaque matériau raconte une histoire différente… et parfois inattendue. Certaines datations confirment un ancrage au tout début du XIIIᵉ siècle, tandis que d’autres éléments semblent avoir été ajoutés bien plus tard. Quant aux émaux, leur composition soulève encore des questions passionnantes sur l’origine exacte de l’objet.

détail de l'appareil photo qui prend en gros plan le coffret
© KIK-IRPA

Conserver pour comprendre

Avant d’être étudié, le coffret présentait plusieurs altérations : cuir fragilisé, émaux fissurés, éléments métalliques oxydés…, ce qui a motivé un projet de conservation d’envergure, soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Un traitement de conservation complet a été réalisé par les ateliers et laboratoires de l’IRPA: anoxie, stabilisation des matériaux organiques, nettoyage des métaux, consolidation des émaux. Parallèlement, l’intégration du coffret au projet de recherches ArtGarden, a permis une analyse fine des risques environnementaux, destiné à assurer une préservation optimale du coffret à long terme.

Ce travail montre combien la rencontre des disciplines – histoire, histoire de l’art, sciences des matériaux, conservation-restauration – est indispensable à une meilleure connaissance des objets médiévaux.

Des scientifiques sont penchés sur le coffret ils l'observent avec attention.
© KIK-IRPA

Ce que l’on sait aujourd’hui… et ce qu’il reste à découvrir

Cette étude apporte des éléments majeurs :

  • une datation précise du bois
  • une meilleure compréhension du cuir et des textiles
  • des hypothèses renouvelées pour l’attribution des émaux

Pour autant, certains mystères demeurent encore entiers, notamment celui de la localisation des ateliers qui ont confectionné le coffret et les émaux. Une énigme qui continuera de nourrir la fascination pour cette pièce exceptionnelle!

Envie de plonger dans les coulisses de l’enquête ?

L’article complet – avec les détails des analyses, les résultats comparatifs et les enjeux de la conservation – est à découvrir dans le dernier numéro du Bulletin 41 de l’IRPA disponible ici :

https://journals.openedition.org/kikirpa/13173

première page de la revue du bulletin 41 de l'IRPA avec le coffret en couverture

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